Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/243

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Quand les nénuphars dont les bords de l’étang sont plantés donnent leurs fleurs, il paraît couronné de pourpre et d’écarlate, comme l’horizon des mers du midi quand le soleil y arrive.

« Il faut se résoudre à revenir sur ses pas, pour sortir de cette solitude, ou à franchir la chaîne de rochers escarpés qui l’environne de toutes parts. On monte au haut de ce rempart de rochers par un escalier étroit et rapide, qu’il a fallu creuser avec le pic, dont les coups sont encore marqués. Le cabinet qu’on y trouve pour se reposer n’a rien que de simple ; mais il est assez orné par la vue d’une plaine immense où le Kiang serpente au milieu des villages et des rizières. Les barques innombrables dont ce grand fleuve est couvert, les laboureurs épars çà et là dans les campagnes, les voyageurs qui remplissent les chemins animent ce paysage enchanté, et les montagnes couleur d’azur, qui le terminent à l’horizon, reposent la vue et la récréent.

« Quand je suis lassé de composer et d’écrire, au milieu des livres de ma grande salle, je me jette dans une barque que je conduis moi-même, et vais demander des plaisirs à mon jardin. Quelquefois j’aborde à l’île de la pêche, et muni d’un large chapeau de paille contre les ardeurs du soleil, je m’amuse à amorcer les poissons qui se jouent dans l’eau et j’étudie nos passions dans leurs méprises ; d’autres fois, le carquois sur l’épaule et un arc à la main, je grimpe au haut des rochers, et, de là, épiant en traître les lapins qui sortent, je les perce de mes flèches à l’entrée de leurs trous. Hélas ! plus sages que nous, ils