Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/254

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quantité considérable de gros grains que les pauvres mangent en guise de riz, et dont on obtient aussi, par la distillation, une eau-de-vie très-alcoolisée. Les Chinois attachent, en général, peu d’importance à la culture du maïs, aussi est-il presque partout de médiocre qualité. On cueille les épis avant leur complète maturité et quand ils sont encore laiteux ; on les dévore ainsi, après leur avoir fait subir une légère torréfaction. Le sucre est très-commun en Chine et son prix peu élevé ; on le retire de la canne, dont on fait d’abondantes récoltes dans les provinces méridionales. Les Chinois ne savent pas ou ne veulent pas l’épurer et lui donner cette blancheur et ce brillant qu’il acquiert dans les raffineries européennes ; les fabriques le livrent au commerce à l’état de cassonade, ou simplement cristallisé. La culture du tabac est immense ; cette plante, aujourd’hui si répandue sur toute la surface du globe, et d’un usage si universel chez tous les peuples, même parmi ceux qui ont le moins de contact avec les nations civilisées, n’a été, dit-on, connue en Chine que dans ces derniers temps. On prétend qu’elle a été importée dans l’empire du Milieu par les Mantchous, et que les Chinois furent fort surpris quand ils virent, pour la première fois, ces conquérants, aspirant le feu par de longs tubes et mangeant la fumée. Il en a coûté fort peu aux Chinois de se faire fumivores. Ils ont adopté avec enthousiasme, avec fureur même, l’usage de cette plante que les Mantchous, par une étrange coïncidence, nomment, dans leur langue, tambakou, et que les Chinois désignent tout simplement par le mot fumée. Ainsi ils cultivent dans leurs champs la feuille de fumée ; ils man-