Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/310

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berté. L’usage de se réunir les dimanches et les jours de fête dans les chapelles et les oratoires, pour prier en commun et assister aux offices divins, les met souvent en rapport et entretient parmi elles des relations d’intimité. Ainsi elles sortent plus souvent pour se visiter et former de temps en temps de ces petites réunions si bonnes pour dissiper les chagrins de l’âme et aider à porter le fardeau des misères de la vie.

Les femmes païennes ne connaissent pas ces douceurs et ces agréments ; elles sont presque toujours recluses, et on se met bien peu en peine qu’elles se consument, seules, chez elles, d’ennui et de langueur. Maître Ting, en nous parlant de la manifestation de Leang-chan, nous dit une énormité bien capable de faire comprendre quelle est la valeur des femmes aux yeux des Chinois. — En sortant de Leang-chan, dit maître Ting, quand nous traversâmes cette rue où des femmes se trouvaient réunies en si grand nombre, j’ai entendu dire que c’étaient des femmes chrétiennes. Est-ce que ce n’est pas là une parole creuse ? — Non certainement, elle est, au contraire, pleine de vérité ; ces femmes étaient réellement chrétiennes… Maître Ting nous regarda stupéfait ; les bras lui tombèrent d’étonnement. — Je ne comprends pas, dit-il ; je vous ai souvent ouï dire qu’on se faisait chrétien pour sauver son âme, est-ce bien cela ? — Oui, c’est là le but qu’on se propose. — Et alors pourquoi les femmes se font-elles chrétiennes ? — Pour sauver leur âme, tout comme les hommes. — Mais elles n’ont pas d’âme ! s’écria-t-il en reculant d’un pas et en croisant les bras sur sa poitrine, les femmes n’ont pas d’âme ! Vous ne pouvez pas en