Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/315

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allons dans la campagne, et nous logerons sous un arbre ; dans les contrées du nord nons étions accoutumés à dormir ainsi en plein air. — Oui, on dit que cet usage existe chez les Mongols, dans la Terre des Herbes ; mais dans le Royaume Central, il n’est pas reçu que les hommes de qualité passent la nuit dans les champs avec les oiseaux et les insectes ; les rites s’y opposent. Attendez un instant, je pense à un bon endroit, je vais le visiter. Notre cher mandarin éteignit sa petite lampe de fumeur, se leva, prit son éventail, et partit.

Nous allâmes l’attendre sur la porte de l’auberge ; peu de temps après nous le vîmes revenir, allongeant le pas de toutes ses forces, et nous adressant de loin, avec ses deux bras, des signes télégraphiques qui, à raison de leur multiplicité et de leur extrême complication, ne nous furent pas parfaitement intelligibles. Cependant tout nous portait à croire que maître Ting venait de faire une découverte. Aussitôt qu’il put se faire entendre : Partons vite, nous cria-t-il de sa voix grêle et nasillarde, déménageons au plus tôt, allons loger au théâtre, la position est excellente pour la vue et pour la respiration. Sans demander d’autres explications, nous rentrâmes ; des portefaix s’emparèrent immédiatement de nos bagages, et dans un clin d’œil nous eûmes vidé l’Hôtel des Béatitudes pour devenir locataires du théâtre de Yao-tchang.

Ce théâtre faisait partie d’une grande bonzerie ; il était situé dans une vaste cour, en face de la principale pagode : sa construction était assez remarquable en comparaison des nombreux édifices de ce genre qu’on rencontre en Chine. Douze grandes colonnes de granit