prendre un peu les rites à cet impertinent docteur.
Dès que la porte fut ouverte, il nous fut aisé de reconnaître celui à qui nous en voulions, car Weï-chan, tout bouillant de colère, se disposait à s’élancer sur lui comme pour le dévorer. Le docteur était tellement occupé de son antagoniste, qu’il ne fit attention à nous qu’au moment où il se sentit vigoureusement saisi par le bras ; il se retourna brusquement, et fut comme pétrifié en se voyant face à face avec un diable occidental, coiffé d’un bonnet jaune. Nous le tirâmes dans notre chambre, où il fut interpellé à bout portant. — Qui es-tu ? — Je suis un docteur de la localité. — Non, tu n’es pas docteur, car tu viens de te conduire en homme ignorant et grossier ; que nous veux-tu ? — Je suis venu me promener dans le temple des compositions littéraires pour me distraire l’esprit et le cœur. — Va te distraire ailleurs et ne viens pas troubler notre repos ; sors vite de notre présence. Si tu veux, tu pourras raconter à tes amis que tu nous as vus et que nous l’avons chassé parce que tu n’entendais rien aux vertus sociales… Le docteur parut vouloir se redresser. — Mais, s’écria-t-il, qui donc est maître dans le wen-tchang-koun ? — Dans notre chambre, c’est nous qui sommes les maîtres, par conséquent, sors vite d’ici, et si, à l’instant, tu n’es pas en bas, en passant par l’escalier, nous allons t’y envoyer par la fenêtre… Veux-tu ?… Le docteur prit, sans doute, la menace au sérieux, car il disparut comme un trait, et nous l’entendîmes descendre l’escalier avec un remarquable empressement. Ce serait peut-être le cas de dire ici un mot du pédantisme et de l’arrogance des lettrés chinois ; mais nous aurons occasion d’en parler ailleurs.