Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/377

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a une foule qu’il serait très-intéressant d’analyser ; les missionnaires anciens en ont cité quelques-uns, et ils sont loin d’avoir épuisé la matière, ou même de l’avoir étudiée sous le rapport le plus curieux. On ne saurait compter les traditions, les allusions, les rapprochements inattendus, les traits piquants et épigrammatiques, qui sont ainsi renfermés dans les caractères comparés, et il est impossible d’imaginer combien on pourrait en faire jaillir de lumières sur les anciennes opinions morales ou philosophiques des peuples primitifs de l’Asie orientale ; il suffirait d’étudier avec soin, et en se garantissant de l’esprit de système, ces expressions symboliques où les Chinois se sont peints sans y penser, eux, leurs mœurs et tout l’ordre de choses dans lequel ils vivaient, et que l’histoire nous fait si imparfaitement connaître, parce qu’il date du temps où il n’y avait pas encore d’histoire.

On traçait primitivement les caractères chinois avec une pointe métallique sur des planchettes de bambou, et ce fut pour faciliter leur exécution qu’on modifia peu à peu leur première forme ; ils perdirent ainsi presque entièrement leur type figuratif ; la roideur des traits fut adoucie depuis le troisième siècle avant notre ère, après deux découvertes importantes, l’art de confectionner du papier avec l’écorce du mûrier ou du bambou, et l’art non moins précieux de préparer la substance colorée que nous appelons encre de Chine ; le pinceau remplaça le poinçon ; on introduisit des modifications successives dans la configuration, et enfin on arriva à l’écriture actuelle, formée de la combinaison d’un certain nombre de traits, ou droits, ou légèrement courbés.