Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/387

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que les voyages par terre étaient désormais pénibles et difficiles, que les chemins étaient très-mal entretenus, et que, de plus, on trouvait rarement de bons porteurs de palanquin ; tout cela provenait de la proximité du fleuve Bleu. La navigation était si facile et si peu dispendieuse, que les voyages et les transports des marchandises s’effectuaient habituellement par eau ; quoique toujours en garde contre les mensonges et les tromperies des Chinois, leurs raisons, cette fois, nous parurent très-plausibles, et il fut décidé que nous suivrions, autant qu’il serait possible, le cours du fleuve, à condition, pourtant, de descendre à terre tous les soirs, et d’aller passer les nuits dans les villes désignées pour nos étapes.

Le premier jour, après avoir quitté Pa-toung, nous allâmes nous reposer à Kouei-tcheou, où, à part un grand mouvement commercial dans le port, il n’y eut rien qui soit digne de remarque. Le lendemain nous nous embarquâmes de grand matin, et on adjoignit à notre troupe un officier militaire et quelques soldats, pour nous protéger, disait-on, contre les pirates. Nous franchîmes sans accident un passage dangereux à cause de ses nombreux récifs : ce sont, du reste, les derniers qu’on rencontre sur ce beau fleuve, qui va ensuite s’élargissant de jour en jour, et répandant partout la richesse et la fécondité ; il n’en est certainement aucun dans le monde qui puisse lui être comparé pour l’innombrable multitude d’hommes qu’il nourrit et la quantité prodigieuse de navires qu’il porte sur ses eaux. Il n’est rien de grandiose et de majestueux comme le développement de ce fleuve, dont le cours est de six cent soixante lieues : à Tchoung-king, à trois cents lieues de