Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/415

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« Je n’ai pas besoin, dit Klaproth dans ses Mémoires, de rejeter l’idée absurde de ceux qui prétendent que les Chinois croient que leur pays est situé au milieu du monde, et que c’est pour cette raison qu’ils l’appellent l’empire du Milieu. Un matelot ou un portefaix de Canton peut, à la vérité, donner une pareille explication ; mais c’est à l’intelligence de celui qui questionne de l’adopter ou de la rejeter. »

Les Chinois donnent encore à leur pays le nom de Tchoung-hoa, ou « fleur du Milieu, » de Tien-tchao, ou « empire céleste, » et de Tien-hia, « le dessous du ciel ou le monde, » comme les Romains se servaient du mot orbis pour désigner leur empire.

Il est évident que nous ne donnâmes pas au mandarin de I-tou-hien tous les détails dans lesquels nous venons d’entrer. Nous ne lui parlâmes ni des Grecs, ni des Romains, pas même des Arabes ; mais nous lui en dîmes cependant assez pour lui faire bien comprendre pourquoi, en Europe, nous les appelons Chinois, et non pas Tchoung-kouo-jin, « hommes de l’empire du Milieu. » Nos explications le satisfirent complétement, et il parut tout heureux de voir que le mot Chinois n’était pas un injurieux sobriquet, comme il avait eu l’air de le croire tout d’abord.

Il fallut enfin prendre congé de cet intéressant docteur, et ce ne fut pas sans regret. Nous brûlions d’envie de nous arrêter un jour ; mais les rites étaient là qui nous le défendaient, et nous ne devions pas être impolis envers un homme qui avait été si plein d’attention et de délicatesse.

De I-tou-hien, nous allâmes par terre jusqu’à Song-