Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/463

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pour inconvénient d’entretenir la jalousie, la défiance et la désaffection des Chinois, qui, après avoir fermenté durant plus de deux siècles, ont fini par faire explosion d’une manière si terrible.

A part ce petit nombre de villes dont nous venons de parler, où l’on rencontre quelques troupes de soldats tartares, on a beau parcourir les provinces, l’élément mantchou n’y apparaît nulle part. On ne voit de tous côtés que des populations purement chinoises, entièrement absorbées par le commerce, l’agriculture et l’industrie, pendant que des soldats étrangers sont chargés de garder les frontières et de veiller à la tranquillité publique. A bien prendre les choses, les Tartares paraissaient être moins un peuple conquérant qu’une tribu auxiliaire qui a obtenu, par sa valeur et ses victoires, le privilége de venir monter la garde dans tout l’empire. L’influence administrative est restée aux Chinois ; ce sont eux qui occupent le plus grand nombre des emplois civils. S’ils ont été conquis par les Mantchous, ils leur ont imposé, à leur tour, leur civilisation, leur langue, leurs mœurs, et, en grande partie, leurs usages. Sortis depuis peu de temps de leurs forêts et de leurs steppes, où ils menaient la vie nomade, vivant de leur chasse et de leurs troupeaux, les Tartares ne pouvaient s’empêcher de se plier au régime de ce pays célèbre dont ils s’étaient ouvert les portes à force de courage et surtout de ruse et de perfidie. Ils ont donc laissé les détails de l’administration aux Chinois, puisqu’ils en avaient le goût, le talent et une longue expérience ; seulement, ils ont toujours eu bien soin de ne pas se dessaisir de la direction de la milice de terre et de mer. La haute