Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/47

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nous offrit pas, comme la précédente, les attraits paisibles et gracieux de montagnes recouvertes d’arbres et de fleurs. Cependant ces âpres et sauvages grandeurs de la nature n’étaient pas non plus sans charmes. Nous quittâmes enfin ces défilés scabreux ; et, après avoir traversé une large vallée nommée Hoang-tsao-ping (plaine aux herbes jaunes), où l’on remarque une grande variété de culture et de végétation, nous arrivâmes au célèbre pont Lou-ting-khiao, que nous dûmes traverser à pied et à pas lents.

Le pont Loug-ting-khiao fut construit en 1701. Sa longueur est de trente-deux toises et sa largeur de dix pieds seulement. Il se compose de neuf énormes chaînes de fer, fortement tendues d’une rive à l’autre, sur lesquelles sont posées des planches transversales, mobiles, mais assez bien ajustées. La rivière Lou, sur laquelle est suspendu le Lou-ting-khiao, coule avec une si grande rapidité qu’il a toujours été impossible d’y construire un pont d’un autre genre. Les deux rives sont extrêmement élevées ; aussi, quand on est au milieu du pont, si on regarde de cette hauteur les eaux du fleuve qui fuient avec la vitesse d’une flèche, il est prudent de se tenir fortement cramponné aux garde-fous, de peur d’être saisi par le vertige et de se précipiter dans l’abîme. On a soin de marcher toujours très-lentement, parce que, le pont étant d’une grande élasticité, on risquerait de faire la culbute.

De l’autre côté de la rivière Lou est une petite ville où nous fûmes reçus assez bruyamment par un nombreux concours de peuple. Cette ville était la patrie de notre mandarin musulman, conducteur de la caravane.