Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/483

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la mer des flottes telles qu’on n’en a jamais vu.

Nous comprenons que cette armée immense, ces avalanches d’hommes descendant du plateau de la haute Asie, comme au temps de Tchinggis-khan, et ces innombrables bâtiments chinois sillonnant toutes les mers, et venant encombrer nos ports, tout cela doit paraître bien fantastique à nos lecteurs. Nous sommes nous-même assez porté à croire que ces choses ne se réaliseront pas ; et cependant, quand on connaît bien la Chine, cet empire de trois cents millions d’habitants, quand on sait combien il y a de ressources dans les populations et dans le sol de ces riches et fécondes contrées, on se demande ce qui manquerait à ce peuple pour remuer le monde et exercer une grande influence dans les affaires de l’humanité. Ce qui lui manque, c’est peut-être un homme, et voilà tout ; mais un homme d’un vaste génie, un homme vraiment grand, capable de s’assimiler tout ce qu’il y a encore de puissance et de vie dans cette nation, plus populeuse que l’Europe, et qui compte plus de trente siècles de civilisation. S’il venait à surgir un empereur à larges idées et doué d’une volonté de fer, un esprit réformateur, déterminé à briser hardiment avec les vieilles traditions, pour initier son peuple aux progrès de l’Occident, nous pensons que cette œuvre de régénération marcherait à grands pas, et qu’un temps viendrait, peut-être, où ces Chinois, qu’on trouve aujourd’hui si ridicules, pourraient être pris au sérieux, et donner même de mortelles inquiétudes à ceux qui convoitent si ardemment les dépouilles des vieilles nations de l’Asie.

Le jeune prince mantchou qui, en 1850, est monté