Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/74

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couleur cendrée étaient irréprochables ; mais il nous fut impossible de découvrir un peu de foi et de dévotion dans leur physionomie sceptique et rusée.

Cette bonzerie est une des plus riches et des mieux entretenues que nous ayons rencontrées en Chine. Après avoir pris une tasse de thé, nous fûmes invités par le supérieur à en faire la visite. La solidité des constructions et la richesse des ornements fixèrent notre attention ; mais nous admirâmes surtout le parc, les bosquets et les jardins dont le monastère est entouré. On ne peut rien imaginer de plus frais et de plus gracieux. Nous nous arrêtâmes quelques instants avec plaisir sur les bords d’un grand vivier, où l’on voyait de nombreuses troupes de tortues jouer et s’agiter parmi les larges feuilles de nénuphar qui flottaient à la surface des eaux. Un autre étang, plus petit que le premier, était rempli de poissons rouges et noirs ; un jeune bonze, dont les longues et larges oreilles s’épanouissaient niaisement aux deux côtés de sa tête fraîchement rasée, s’amusait à leur jeter des boulettes de pâte de riz. Les poissons se rassemblaient pleins d’avidité et d’impatience, soulevaient leur tête au-dessus de l’eau et entr’ouvraient continuellement leur bouche, comme pour caresser l’air de leurs baisers.

Après cette charmante promenade, nous rentrâmes au salon de la bonzerie. Nous y trouvâmes plusieurs visiteurs, parmi lesquels un jeune homme aux manières alertes et dégagées, et doué d’une prodigieuse volubilité de langue ; à peine eut-il prononcé quelques paroles, que nous comprîmes qu’il était chrétien. — Tu es, sans doute, lui dîmes-nous, de la religion du