Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/120

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progrès depuis quelques années, car ils ont enfin renoncé à la vie nomade de leurs pères, et les collecteurs du fisc savent où les trouver, quand l’époque du tribut est arrivée. Les anciens sujets de la reine Obeïra se sont bien civilisés depuis le temps du capitaine Cook, car ils ont embrassé le méthodisme, ils assistent tous les dimanches au prêche, en habit de drap noir, et c’est un débouché de plus pour les manufactures de Sommerset et de Glocester. Nos voyageurs ont vu aussi avec plaisir, en ces derniers temps, un prince des îles Sandwich tenir sa cour vêtu d’un habit rouge et d’une veste ; et ils regrettaient seulement que l’extrême chaleur l’eût empêché de compléter le costume ; mais peu importe que ces imitations soient imparfaites, maladroites, inconséquentes et grotesques, il faut les encourager pour les suites qu’elles peuvent avoir. Le temps viendra peut-être ce où les Indous s’accommoderont de nos percales au lieu de tisser eux-mêmes leurs mousselines, où les Chinois recevront nos soieries, où les Esquimaux porteront des chemises de calicot et où les habitants du tropique s’affubleront de nos chapeaux de feutre et de nos vêtements de laine. Que l’industrie de tous ces peuples cède le pas à celle des Occidentaux ; qu’ils renoncent en notre faveur à leurs idées, à leur littérature, à leurs ce langues, à tout ce qui compose leur individualité nationale ; qu’ils apprennent à penser, à sentir et à parler comme nous ; qu’ils payent ces utiles leçons par l’abandon de leur territoire et de leur indépendance ; qu’ils se montrent complaisants pour les désirs de nos académiciens, dévoués aux intérêts de nos négociants,