Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/130

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cette manière le vain préjugé des mésalliances ; la vie extrêmement frugale de toutes les classes de la société : voilà peut-être autant de causes capables de favoriser le rapide accroissement de la population chinoise ; mais c’est surtout la paix profonde dont l’empire a joui depuis plus de deux siècles qui a sans doute contribué plus que tout le reste à ce rapide développement.

Aujourd’hui cette paix n’existe plus dans la plupart des provinces ; l’insurrection qui a éclaté depuis trois ans menace l’empire d’un bouleversement général et de la chute de la dynastie tartare. Si cette révolution ressemble à celles qui l’ont précédée, et dont on ne peut lire, sans frémir, les horribles détails dans les Annales de la Chine ; si la guerre civile.se prolonge avec son lugubre cortège de massacres et d’incendies, il est à présumer que la population sera affreusement réduite, et que les Chinois qui survivront à ces grandes scènes de carnage et de destruction trouveront où se loger, sans avoir besoin, comme aujourd’hui, de construire des radeaux pour habiter sur la surface des lacs.

Quelques instants avant de terminer notre ravissante navigation sur le Ping-hou, nous rencontrâmes une longue file de petites barques de pêcheurs qui s’en retournaient au port à force de rames ; au lieu de filets, ces pêcheurs avaient un grand nombre de cormorans qui étaient perchés sur les rebords de leurs nacelles. C’est un curieux spectacle que de voir ces oiseaux, au moment de la pêche, plonger à toute minute au fond de l’eau, et remonter chaque fois avec un poisson au bec. Comme les Chinois se défient un peu du trop bon appétit de leurs associés, ils ont soin de leur garnir le