Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/136

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la position assez disgracieuse ; aucun mandarin de Han-yang, ni grand ni petit, ne vint nous honorer de sa présence ; personne n’eut l’attention de nous offrir une tasse de thé, et pourtant, à l’heure qu’il était, quelques rafraîchissements n’eussent pas été un hors d’œuvre. Notre Chinois gardait toujours la même attitude, ne s’occupant nullement de nous ; de notre côté, nous affections de ne faire aucune attention à lui. Enfin maître Ting parut ; nous lui demandâmes ce que tout cela signifiait et où on voulait en venir. Nous comprîmes à son étonnement qu’il ne voyait pas plus clair que nous dans la situation ; il fallait cependant un dénoûment à la chose. Nous allâmes interpeller le vieux Chinois qui en était à bourrer sa pipe au moins pour la dixième fois ; il nous répondit, sans se troubler, et en nous regardant à peine, que personne ne lui avait donné aucun ordre à notre sujet, qu’il ne savait pas qui nous étions, d’où nous venions et où nous allions, qu’il était lui-même assez surpris d’avoir vu tant de monde envahir à l’improviste, à une heure si avancée, l’établissement dont il était le gardien. Après nous avoir ainsi exprimé ses pensées avec beaucoup de flegme, il replaça l’embouchure de la pipe au coin de sa bouche et se remit à fumer. Évidemment il n’était pas possible d’entrer en négociation avec un personnage de cette trempe ; nous prîmes donc le parti d’exécuter une visite au tribunal du préfet.

La réception fut assez polie, mais pleine de froideur ; le préfet pensait que nous aurions voulu arriver le soir même à la capitale de la province, qui se trouvait sur la rive opposée du fleuve, et, en conséquence, disait-il,