Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/157

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figure, n’aurait douté que ce ne fût un véritable épi, et qu’un moineau était réellement venu se percher dessus. L’étoffe resta quelque temps exposée ; enfin un bossu, étant venu à passer, critiqua le travail. Aussitôt on l’admit auprès du gouverneur de la ville ; en même temps on fit venir l’artiste ; ensuite on demanda au bossu ce qu’il avait à dire. Le bossu dit : C’est un fait admis par tout le monde, sans exception, qu’un moineau ne pourrait pas se poser sur un épi sans le faire ployer ; or, l’artiste a représenté l’épi droit et sans courbure, et il a figuré un moineau perché dessus : c’est une faute. L’observation fut trouvée juste, et l’artiste ne reçut aucune récompense.

« Le but des Chinois, dans cela et dans les choses de même genre, est d’exercer le talent des artistes et de les forcer à réfléchir mûrement sur ce qu’ils entreprennent, et à mettre tous leurs soins aux ouvrages qui sortent de leurs mains[1]. »

Il est facile de comprendre combien ces expositions permanentes devaient exciter l’émulation et favoriser les progrès de tout genre. Aussi, à cette époque, les procédés artistiques et industriels de la Chine avaient une supériorité si marquée sur ceux des pays voisins, que son commerce extérieur prit un développement prodigieux. C’est principalement le commerce de la soie, qui se faisait avec les Romains, par l’entremise des Boukhares, des Asses et des Persans, qui a fait connaître les Chinois en Occident et appelé les Occidentaux en Chine. Les étrangers qui fréquentaient ses ports étaient si nombreux

  1. Tome II, p. 77 et 78.