Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/19

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possible qu’elle y résiste, et que les dangers augmentent. Voilà mon opinion à ce sujet, après avoir étudié et reconnu les divers caractères des pouls… Cette opinion ne nous parut ni extrêmement hardie, ni très-compromettante pour celui qui l’avait conçue… Il faut, ajouta le docteur, du repos, du calme, et prendre, heure par heure, une dose de la médecine que je vais prescrire… En disant ces mots, il se leva, et alla s’asseoir à une petite table, où on avait préparé tout ce qui est nécessaire pour écrire.

Le docteur trempa dans une tasse de thé l’extrémité d’un petit bâton d’encre qu’il délaya lentement sur un disque en pierre noire ; il saisit un pinceau et se mit à tracer l’ordonnance sur une large feuille de papier. Il en écrivit une grande page ; quand il eut fini, il prit son papier, le relut attentivement à demi-voix ; puis s’approcha de nous pour nous en communiquer le contenu. Il plaça l’ordonnance sous nos yeux ; puis, étendant sur sa feuille l’index de sa main droite, terminé par un ongle d’une longueur effrayante, il nous désignait les caractères qu’il venait d’écrire, à mesure qu’il nous en donnait une explication détaillée. Nous ne comprîmes pas grand’chose à tout ce qu’il nous dit ; le violent mal de tête dont nous étions tourmenté nous empêchait de suivre le fil de sa savante dissertation sur les propriétés et les vertus des nombreux ingrédients qui devaient composer la médecine ; d’ailleurs, le peu d’attention dont nous étions alors capable était entièrement absorbé par la vue de cet ongle prodigieux qui errait à travers un amas de caractères chinois ; il nous sembla comprendre pourtant que la base du remède était le ta-hoang