Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/191

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l’extrémité de la salle d’attente, il se retourna brusquement, et se jeta sur les deux battants de la porte pour les fermer ; l’ayant saisi par le bras, nous lui dîmes, du ton le plus impérieux, le plus magnétique qu’il nous fut possible de prendre : Malheur à toi, si tu ne laisses pas la porte ou verte ! Si tu nous arrêtes un seul instant, tu es un homme perdu !… Ces paroles lui ayant inspiré une salutaire frayeur, il rouvrit la porte largement, et nous pénétrâmes dans la seconde cour, pendant que l’introducteur nous regardait passer avec stupéfaction et bouche béante.

Nous arrivâmes sans nouvel obstacle jusqu’aux appartements du gouverneur. Dans l’antichambre il y avait quatre mandarins supérieurs qui, en nous voyant entrer, eurent l’air de nous prendre pour une apparition. Avant de nous interroger, ils se regardèrent longtemps les uns les autres, se consultant en quelque sorte des yeux, pour savoir ce qu’il y avait à faire dans cette circonstance imprévue ; enfin l’un d’eux se hasarda à nous demander qui nous étions. — Nous sommes Français, lui répondîmes-nous ; nous avons été à Péking, puis de Péking à Lha-ssa dans le Thibet, et nous voulons parler tout de suite à Son Excellence le gouverneur

— Mais Son Excellence est-elle instruite de votre présence à Ou-tchang-fou ? Lui a-t-on annoncé votre visite ?

— Une dépêche de l’empereur a dû lui faire connaître notre passage dans la capitale du Hou-pé… Nous remarquâmes que la dépêche de l’empereur faisait sensation chez les mandarins. Notre interlocuteur, après avoir fixé un instant sur nous son regard inquisiteur, disparut par une petite porte. Nous soupçonnâmes qu’il avait été