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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/196

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ses frères des intentions perverses. Cependant nous sommes missionnaires de la religion du Seigneur du ciel, nous sommes Français, et nous ne pouvons pas oublier que cette ville se nomme Ou-tchang-fou. — Quel est le sens de ces paroles ? je ne le comprends pas. — Nous ne pouvons pas oublier qu’un de nos frères, un missionnaire, un Français, a été étranglé ici, à Ou-tchang-fou, il y a vingt-trois ans ; qu’un autre de nos frères, missionnaire et Français, a été également mis à mort dans cette ville, il n’y a pas encore six ans… En entendant ces paroles, le gouverneur parut un peu perdre contenance, l’expression de sa figure annonçait qu’il éprouvait intérieurement une vive agitation. Aujourd’hui même, continuâmes-nous, en nous rendant ici, nous avons traversé la place sur laquelle nos frères ont été exécutés. Que peut-il donc y avoir d’étonnant s’il nous vient des idées sinistres ; si nous pensons qu’on veut attenter à nos jours, alors que nous nous voyons logés à peu près comme dans un sépulcre ? — Je ne sais pas ce que vous voulez dire, je ne connais pas ces affaires, répondit brusquement le gouverneur ; aux époques dont vous parlez je n’étais pas dans la province. — Nous le savons : le gouverneur qui était ici, il y a six ans, aussitôt qu’il eut donné ordre d’étrangler le missionnaire français, fut dégradé par l’empereur et condamné à un exil perpétuel. Il était évident pour tout l’empire que le ciel voulait venger l’innocence. Chacun ne répond que de ses actions ; mais aujourd’hui à qui la faute si nous sommes traités de la sorte ? Nous avons étudié les livres du philosophe Meng-tse, et nous y avons lu ceci : Meng-tse