Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/201

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des nombreux soldats et satellites qui nous avaient escortés depuis notre départ de la capitale du Sse-tchouen, se rendirent en corps et avec une certaine solennité dans nos appartements pour nous faire leurs adieux. Ayant été chargés de nous conduire seulement jusqu’à Ou-tchang-fou, leur mission était terminée, et ils allaient rebrousser chemin pour retourner dans leur pays. Nous avions voyagé de compagnie par terre et par eau, durant l’espace de deux mois ; nous nous étions insensiblement accoutumés à vivre ensemble, nous avions partagé le bon et le mauvais temps de la route ; aussi ce ne fut pas sans une certaine émotion que nous vîmes arriver le moment de nous séparer et de nous quitter pour toujours. Nos regrets n’étaient pas, sans doute, vifs et profonds, comme ceux que nous éprouvâmes lorsque nous reçûmes, en sortant de Ta-tsien-lou, les adieux de l’escorte thibétaine. Ce n’étaient pas des liens que nous avions à briser, mais simplement une certaine habitude de relations qu’on contracte si facilement durant de longs et pénibles voyages, et qu’il est toujours désagréable de rompre pour en former de nouvelles. Maître Ting nous avait agacés dans plus d’une circonstance, nous nous étions souvent querellés, et cependant, au résumé, nous étions passablement bons amis. C’est qu’au fond maître Ting était un mandarin d’assez bon aloi ; pourvu qu’on le laissât faire un peu le Chinois, c’est-à-dire rapiner des sapèques à droite ou à gauche, le long de la route, il était de bonne humeur, complaisant et suffisamment aimable.

Nos adieux furent très-verbeux, et, au lieu de pleurer, nous rîmes beaucoup, car nous rappelâmes quelques