Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/204

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du Kiang-si. Il nous pria ensuite de lui exprimer notre opinion sur le choix que le gouverneur avait bien voulu faire de lui pour une œuvre de cette importance. Il n’y ait pas deux manières de répondre à un Chinois en pareille circonstance. Un pareil choix, lui dîmes-nous, prouve, d’une manière incontestable, que Son Excellence le gouverneur possède au plus haut degré le don si rare et si précieux de discerner les hommes. Un pareil choix prouve encore, d’une manière non moins incontestable, que Son Excellence le gouverneur désire bien sincèrement que nous fassions un voyage heureux et agréable. Avant notre départ, nous ne manquerons pas d’aller le remercier de sa sollicitude et de sa bienveillance. Notre nouveau conducteur s’humilia beaucoup en paroles et répondit à notre courtoisie en nous disant qu’il n’avait jamais rencontré des hommes d’un cœur aussi miséricordieux et aussi vaste.

Quand ces formules furent terminées, nous essayâmes de parler un peu raisonnablement. Nous apprîmes que notre mandarin était âgé de quarante ans, et qu’il se nommait Lieou, c’est-à-dire « saule. » Lieou le Saule était de la classe des lettrés, mais à un degré très-inférieur ; il avait administré pendant quelques années un petit district, et actuellement il se trouvait en disponibilité. À son langage on reconnaissait facilement un homme du Nord ; il était de la province du Chang-tong, patrie de Confucius, ce qui ne prouvait nullement qu’il fût doué d’une intelligence surprenante. Plus grave et mieux élevé que maître Ting, il jouissait d’un caractère concentré et très-peu amusant ; on ne trouvait pas grand charme à causer avec lui, car il s’exprimait avec une