Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/223

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qu’elles ne l’étaient réellement, parce que les moyens qu’elles avaient pour communiquer entre elles, et les motifs qui les y engageaient, nous sont également inconnus. Nous sommes peut-être un peu trop disposés à mettre sur le compte de leur ignorance ce qui n’est qu’un effet de la nôtre. À cet égard, nous pourrions justement nous appliquer ce que dit, par rapport à la morale, un des disciples les plus célèbres du sage dont nous venons de rechercher les opinions : « Une vive lumière éclairait la haute antiquité, mais à peine quelques rayons sont venus jusqu’à nous. Il nous semble que les anciens étaient dans les ténèbres, parce que nous les voyons à travers les nuages épais dont nous venons de sortir. L’homme est un enfant a né à minuit ; quand il voit lever le soleil, il croit qu’hier n’a jamais existé. »

Confucius eut de fréquentes relations avec Lao-tze ; mais il est difficile de savoir quelle était l’opinion du chef des lettrés sur la doctrine du patriarche des docteurs de la raison[1]. Un jour il alla lui rendre visite ; étant revenu près de ses disciples, il resta trois jours sans prononcer un mot. Tseu-kong en fut surpris et lui en demanda la cause.

« Quand je vois un homme, dit Confucius, se servir de sa pensée pour m’échapper comme l’oiseau qui vole, je dispose la mienne comme un arc armé de sa flèche pour le percer ; je ne manque jamais de l’atteindre et de me rendre maître de lui. Lorsqu’un homme se sert de sa pensée pour m’échapper comme

  1. Le Livre de la Voie et de la Vertu, par Lao-tze, traduction de M. Stanislas Julien ; Introduction, p. XXIX.