Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/246

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Si nous avions voulu l’écouter, il paraissait tout disposé à passer en revue sa nombreuse collection, en nous faisant une petite analyse du contenu de chaque livre. Il avait déjà commencé avec un merveilleux enthousiasme, et il était facile de voir qu’il trouvait rarement des visiteurs qui voulussent bien s’intéresser à ce qui était devenu pour lui un véritable culte. Le temps nous manquait pour l’entendre jusqu’au bout, et nous fûmes contraints bien à regret, de nous priver, lui et nous, de ses savantes dissertations.

Nous visitâmes le supérieur de l’île, dont l’habitation avoisinait le principal temple. Les appartements qu’il occupait étaient presque propres ; on voyait même que certaines idées de luxe avaient jadis présidé à leur arrangement. Ce supérieur était un homme d’une quarantaine d’années. Son langage n’indiquait pas qu’il fût très-habile en littérature ou en théologie ; mais, à son œil rusé, à sa parole brève et bien accentuée, ou reconnaissait un homme ayant l’habitude des affaires et du commandement. Il nous dit que, depuis quelques années, il cherchait à restaurer les pagodes de l’île, et que presque tous les bonzes qui vivaient sous son obéissance étaient occupés à quêter dans l’intérieur de l’empire, pour se procurer les fonds nécessaires à la réalisation de son projet. Les quêtes étant peu productives, il ne manqua pas de nous faire de longues lamentations sur le dépérissement du zèle pour le culte de Bouddha. Comme il savait que nous étions missionnaires, nous crûmes pouvoir lui exprimer franchement notre pensée au sujet de cette indifférence qu’il déplorait. — Nous ne sommes nullement surpris, lui dîmes-nous, de voir les Chinois pleins