Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/248

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de sujet, en nous parlant des beaux plans qu’il avait en tête pour la restauration de ses pagodes.

Au moment où nous quittions Pou-tou nous rencontrâmes plusieurs barques, se dirigeant vers le petit port de l’île. Elles étaient chargées de bonzes qui revenaient de faire la quête. Nous leur demandâmes si leur tournée avait été heureuse. — Oui, s’écria avec transport un jeune novice ; oui, nous avons été heureux, nous rapportons beaucoup de sapèques. — À peine eut-il prononcé ces mots, qu’un vieux bonze, qui se tenait accroupi à côté de cet indiscret, lui appliqua un rude coup de poing sur la tète. — Diable rasé, lui cria-t-il, est-ce que tu ne te corrigeras pas de dire des mensonges à tout le monde ? Où avons-nous des sapèques, nous autres ? L’enfant se cacha avec ses deux mains, et se mit à pleurnicher. Il parut comprendre, mais un peu tard, qu’il avait commis une imprudence, et qu’il n’est pas bon de révéler au premier venu le secret de ses richesses. Le vieux bonze avait une plus longue expérience. — Tiens, dit-il, en frappant encore du poing son pauvre novice, voilà pour tes mensonges ; je te donnerai plus de coups que nous n’avons de sapèques… Puis, s’adressant à nous avec beaucoup de politesse : — Il faut, dit-il, corriger la jeunesse, quand elle outrage la vérité ; c’est un principe incontestable. Notre excursion dans le district de Han-tcheou n’a pas été féconde. La moisson de riz ayant été mauvaise, les peuples sont dans l’indigence ; comment songeraient-ils à faire des aumônes à la famille de Bouddha ? En revanche, nous avons eu le bonheur de recueillir une grande quantité de papier abandonné, et de soustraire ainsi à la profanation d’innombrables