Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/262

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morceaux de papier blanc. Cependant les démons étant, en Chine, bien moins rusés que les hommes, ils se laissent prendre à ce stratagème avec une admirable candeur. Pendant qu’ils sont occupés à la poursuite de ces richesses trompeuses, l’âme du mort, profitant de leur distraction, peut tranquillement accompagner le cercueil sans danger d’être arrêtée.

Les sceptiques Chinois se passent volontiers, pour les enterrements, du concours des bonzes et des tao-sse. N’ayant aucun besoin de religion pendant leur vie, ils en concluent, très-logiquement, qu’après leur mort elle leur est, à plus forte raison, parfaitement inutile. Les disciples de Confucius surtout admettraient difficilement la nécessité des prières et des sacrifices pour les trépassés, car ils professent de croire que l’homme meurt tout entier, que l’âme s’évanouit aussi bien que le corps et tombe également dans le néant. Cependant les bonzes sont quelquefois invités aux enterrements à cause de la plus grande pompe qui doit nécessairement résulter de leur présence. Nous avons vu, aux environs de Péking, les funérailles d’un grand dignitaire de l’empire où assistaient tous les lamas, les bonzes et les tao-sse qu’on avait pu découvrir dans la contrée. Chacun faisait de son côté les cérémonies et chantait les prières de son culte. C’était une réalisation de la fameuse formule : San-kiao, y-ciao, « les trois religions n’en sont qu’une. »

Les Chinois sont dans l’usage d’offrir aux morts des mets et, quelquefois même, des repas splendides. On les leur sert devant la bière, tant qu’on la garde dans la famille, ou sur le tombeau, après l’inhumation.