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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/287

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Nous eussions bien pu nous embarquer à Ou-tchang-fou et descendre le fleuve Bleu jusqu’au grand lac Pouyang, mais, comme on était alors à la saison des inondations et des tempêtes, l’administration avait jugé prudent de nous faire partir par la voie de terre. La route était plus longue, moins agréable ; mais enfin il n’y avait pas à craindre les naufrages.

Après avoir traversé le fleuve Bleu, nous fîmes notre halte dans un gros village dont nous avons oublié le nom, et ce n’est pas assurément grand dommage, car nous n’avons pas des choses bien merveilleuses à en dire.

Nous y trouvâmes mauvais gîte, mauvais souper, et, en sus, une effroyable quantité de moustiques et de cancrelats. Le cancrelat est un gros et puant insecte du genre des coléoptères, foisonnant en Chine, dans les • pays chauds, et faisant ses délices de ronger le plus délicatement possible l’extrémité des orteils et des oreilles de ceux qui dorment.

Nous fûmes, en général, logés et nourris d’une manière pitoyable tant que nous restâmes sur cette route de traverse. Les mandarins suivant ordinairement, dans leurs voyages, le cours du fleuve Bleu, l’administration locale n’a pas disposé, comme ailleurs, d’étape en étape, des palais communaux pour recevoir les fonctionnaires publics. On est obligé de se loger dans de misérables auberges, mal tenues, d’une saleté inénarrable, et où l’on a toutes les peines du monde à trouver de quoi ne pas mourir de faim. Nos conducteurs y mettaient bien toute leur bonne volonté ; Lieou, le Saule pleureur, qui nous avait promis de nous rendre la vie si douce, si poétique, tant qu’il serait avec nous, donnait vainement des