Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cabinet situé derrière son siège de juge. Nous nous assîmes, ou plutôt nous nous laissâmes tomber sur un divan, et nous fûmes quelques instants avant de pouvoir recueillir nos pensées et calmer notre émotion.

Le préfet de Kouang-tsi-hien avait tout au plus une quarantaine d’années ; les traits de sa figure, le timbre de sa voix, son regard, sa pose, ses manières, tout en lui respirait tant de douceur et de bonté, que nous ne pouvions revenir de notre étonnement. Il nous semblait impossible que ce fût là l’homme qui avait ordonné l’affreuse exécution que nous avions eue tout à l’heure sous les yeux. Un vif sentiment de curiosité s’empara insensiblement de nous, et nous finîmes par lui demander s’il n’y aurait pas indiscrétion de notre part à l’interroger sur la terrible affaire qu’il était occupé à juger. — Au contraire, nous répondit-il, je désire beaucoup, moi-même, que vous connaissiez la nature de ce procès. Vous m’avez paru étonnés de l’extrême sévérité que je déploie envers ce criminel ; le supplice qu’il endure vous a émus de compassion. Les sentiments qui ont agité votre cœur, quand vous êtes entrés dans la salle, sont montés à votre figure, et ils ont été visibles à tout le monde. Mais le criminel ne mérite aucune commisération ; si vous connaissiez sa conduite, sans doute vous ne penseriez pas que je le traite avec rigueur. Je suis naturellement porté à la douceur, et mon caractère est éloigné de la cruauté. Le magistrat, d’ailleurs, ne doit-il pas toujours être le père et la mère du peuple ? — Quel grand crime a donc commis cet homme, pour être soumis à une si horrible torture ? — Cet homme est le chef d’une bande de scélérats. Depuis plus d’un an, il désolait