Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/318

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plutôt que de s’exposer aux coups de bambou, se conduisent envers leurs prisonniers avec une atrocité telle, qu’il nous eût été impossible d’y croire jamais, si nous ne l’eussions vu de nos propres yeux. Un jour, nous rencontrâmes, sur une route qui conduisait à Péking, un convoi de plusieurs chariots sur lesquels étaient entassés de nombreux Chinois qui poussaient des cris horribles. Des bandes de soldats, ayant à leur tête un officier militaire, escortaient ces charretées d’hommes. Au moment où nous nous arrêtâmes pour laisser passer cette cohue, nous fûmes saisis d’horreur en voyant tous ces malheureux cloués par une main aux planches des chariots. Un satellite, que nous interrogeâmes, nous dit avec un affreux sang-froid : — Nous avons été dénicher des voleurs dans un village voisin. Nous en avons pris un nombre considérable, et, comme nous n’avions pas apporté des chaînes en assez grande quantité, il a fallu imaginer un moyen pour les empêcher de se sauver. Voilà pourquoi vous les voyez cloués par la main. — Vous ne pensez donc pas qu’il puisse y avoir des innocents parmi eux ? — Qui pourrait le savoir ? on ne les a pas encore jugés. Nous les conduisons au tribunal, et nous avons pris cette mesure uniquement pour prévenir les évasions. Plus tard, s’il y a lieu, on séparera les voleurs de ceux qui ne le sont pas… Ce satellite trouvait la chose toute naturelle, il avait même l’air un peu fier et satisfait du procédé ingénieux qu’ils avaient imaginé contre les fuyards Le spectacle que nous eûmes un instant sous les yeux faisait horreur ; mais ce qu’il y avait de plus hideux, c’était l’hilarité, les ricanements des soldats, qui se montraient les uns aux