Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/343

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facile de discerner les hommes du Nord de ceux du Midi. Ces derniers, d’une figure pâle, un peu efféminée, au regard intelligent et fin, se faisaient reconnaître par une plus grande élasticité dans leurs manières et par un costume plus recherché. Ils étaient, d’ailleurs, folâtres et causeurs. On les entendait fredonner de leur voix grêle et nasillarde, ou s’agacer les uns les autres par de perpétuels quolibets. La chaleur était brûlante ; mais ils paraissaient se mettre peu en peine des rayons du soleil. Les habitants du Nord, au contraire, étaient suffoqués et ruisselants de sueur. Ils parlaient peu, chantaient moins encore, et cherchaient à se rafraîchir en chiquant continuellement des fragments de noix d’arec. Leur teint fortement basané, des moustaches mieux fournies, plus de vigueur dans les membres, et surtout un langage plus sonore et tout hérissé de rudes aspirations, les distinguaient des Chinois méridionaux. Presque tous ces voyageurs étaient commerçants, et cheminaient accompagnés des marchandises qu’ils allaient vendre ou qu’ils venaient d’acheter. Leurs moyens de transport étaient des chariots à double attelage, des caravanes de mulets et d’ânes et surtout des brouettes conduites par deux hommes, l’un tirant avec une corde et l’autre poussant à un double brancard. Quelquefois, lorsque le vent est favorable, les brouettiers cherchent à diminuer leur peine en fixant au-dessus de leur locomotive un petit mât où ils déploient bravement une voile que la brise vient gonfler. Il faut bien que cette manœuvre leur procure un soulagement notable, car les Chinois ne sont pas hommes à chercher des complications inutiles.