Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chemins sont habituellement mauvais et presque impraticables dans la saison des pluies et des orages ; car alors il faut voyager sans cesse au milieu des étangs et des bourbiers. D’ailleurs, on ne trouve pas de palais communaux dans les villes où l’on s’arrête, et les auberges y sont étroites, sales, incommodes et dépourvues de tout confortable. De ces deux routes, laquelle choisir ? Ce n’était pas chose facile. Avec la certitude d’un bon vent, la navigation valait mieux ; dans le cas contraire, il était plus prudent d’aller par terre, pourvu, toutefois, qu’on eût l’assurance qu’il ne pleuvrait pas. Il nous fut impossible de deviner de quel sentiment se trouvait le Saule pleureur. Il était très-fort pour nous faire remarquer, de part et d’autre, des inconvénients inévitables ; mais ensuite, quand il fallait en venir à prendre une résolution, il s’essuyait les yeux et ne disait plus rien.

Le cas nous parut tellement difficile à résoudre, que nous jugeâmes prudent de nous arrêter un jour à Hou-keou, afin de bien prendre nos renseignements. — Allons dormir en paix, dîmes-nous au Saule pleureur ; aujourd’hui nous sommes trop agités par les fatigues du voyage pour décider cette grave question, demain nous réfléchirons avec calme et sérénité. — Voilà qui est plein de sagesse, répondit avec onction notre conducteur ; dans les grandes entreprises, la précipitation est toujours nuisible.

Le lendemain, après nous être entourés des conseils de plusieurs personnes prudentes de la localité, il fut décidé que nous nous embarquerions sur le Pou-yang. La brise était favorable, le ciel pur, et nous entendîmes dire de tout côté qu’il n’y avait aucune apparence de