Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/365

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donner sa moisson qu’à la neuvième. Je remarquai, par hasard, un pied de riz qui était déjà monté en épi. Il s’élevait au-dessus de tous les autres et était assez mûr pour être cueilli ; je me le fis apporter. Le grain en était très-beau et bien nourri ; cela me donna la pensée de le garder pour un essai, et voir si, l’année suivante, il conserverait ainsi sa précocité ; il la conserva en effet. Tous les pieds qui en étaient provenus montèrent en épis avant le temps ordinaire, et donnèrent leur moisson à la sixième lune. Chaque année a multiplié la récolte de la précédente, et, depuis trente ans, c’est le riz qu’on sert sur ma table. Le grain en est allongé et la couleur un peu rougeâtre ; mais il est d’un parfum fort doux et d’une saveur très-agréable. On le nomme yu-mi, riz impérial, » parce que c’est dans mes jardins qu’il a commencé à être cultivé. C’est le seul qui puisse mûrir au nord de la grande muraille, où les froids finissent très-tard et commencent de fort bonne heure ; mais, dans les provinces du Midi, où le climat est plus doux et la terre plus fertile, on peut aisément en avoir deux moissons par an, et c’est une bien douce consolation pour moi que d’avoir procuré cet avantage à mes peuples. »

L’empereur Khang-hi a rendu, en effet, un service immense aux populations de la Mantchourie, en propageant la culture de cette nouvelle espèce de riz, qui vient à merveille dans les pays secs, sans avoir besoin d’irrigations perpétuelles comme le riz ordinaire. Il prospérerait certainement en France, et il n’a pas tenu aux missionnaires qu’il n’y soit acclimaté depuis longtemps.