Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/400

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On n’a rien fait, on ne fait rien pour l’honorer, on craint donc sa colère ; à cela quel remède ? On s’en tire en vrai Chinois, c’est-à-dire qu’on ruse avec les houen. Lorsque l’enfant est très-mal, à l’agonie, on s’arrange de manière à ce que les houen, à leur sortie, ne connaissent pas la famille du défunt. On prend donc le pauvre petit moribond, et on le jette à l’eau, ou bien on va l’exposer ou l’enterrer dans un endroit écarté. Alors les houen, indignés d’être sans culte, a s’en prendront aux poissons ou aux bêtes des champs, peu importe, la famille est sauvée. Si la chose ne faisait pas si mal au cœur, on rirait des précautions qui se prennent pour mieux duper les houen. Ordinairement, celui qui emporte le petit agonisant ne marche pas en droite ligne, mais en zigzag, allant, revenant, tirant, à l’est, puis à l’ouest, décrivant un amalgame de triangles, afin que, dans ce labyrinthe de lignes brisées, les houen ne puissent jamais reconnaître leur route, dans le cas où ils voudraient chercher l’ancien logis de leur hôte. Pitié ! n’est-ce pas ? déplorable erreur ! Telle est néanmoins ici la vraie raison pour laquelle tant d’enfants sont jetés à la voirie ; et ceux qui ne sont qu’abandonnés sont les plus heureux. On peut souvent leur donner le ciel, on peut encore, en beaucoup de cas, leur prolonger la vie, et quelquefois les sauver. D’autres enfants sont victimes de la doctrine des houen, mais victimes immolées de la façon la plus cruelle.

« En juin dernier, un païen du voisinage (environ à un quart de lieue de ma résidence), voyant son enfant malade, l’acheva lui-même à coups de hache. Sa