Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/421

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dans le Kiang-si, surtout au milieu de ce triste désert. — Le Kiang-si offre peu de ressources ; tout y est plus cher que dans les autres provinces. Aussi c’est une pratique du gouvernement que d’y envoyer fonctionner les mandarins quand il veut les punir. C’est une chose connue de tout le monde… Cette petite confidence nous donna le droit de conclure que notre cher globule blanc avait été mis en pénitence. — Il faut espérer, lui répondîmes-nous, que tu ne resteras pas longtemps ici et que l’empereur te donnera, dans un meilleur pays, un poste approprié à tes vertus et à tes mérites. — Je ne suis pas né sous une influence heureuse ; les succès semblent me fuir, mais peut-être que vos bonnes paroles me porteront bonheur.

Pendant que nous nous escrimions à nous adresser mutuellement des formules cérémonieuses, un soldat sellait un cheval efflanqué qu’on tenait attaché à un pieu à quelques pas du corps de garde. On eût bien pu, cependant, le laisser libre, sans crainte qu’il s’échappât. Lorsqu’il fut prêt, on le traîna vers le mandarin, qui sauta dessus assez lestement. Le pauvre animal chancela et fléchit visiblement sous le poids, quoique le cavalier ne fût pas d’un très-riche embonpoint. Nous ne savions trop comment notre cher globule blanc, monté de cette façon, allait s’y prendre pour nous accompagner. — Allons, parlons, s’écriait-il, et, en même temps, il assena un gros coup de manche de fouet sur la tête de son coursier. L’animal secoua les oreilles, éternua, exécuta lourdement quelques gambades et rentra aussitôt dans sa majestueuse immobilité… Allons, partons, s’écria de nouveau l’ardent cavalier… Est-ce que vous n’entrez