Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/434

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comprenons le langage de Tchinggis et de Timour… Dès ce moment, l’idiome chinois fut mis de côté avec un certain mépris, et la conversation se continua en mongol.

Ce jeune homme était d’une des familles les plus nobles de la tribu de Géchekten, que nous avions habitée pendant deux ans. Probablement nous avions dû nous rencontrer plus d’une fois, durant nos courses à travers le désert. Il nous dit qu’ayant été à Péking pour faire cortège à son roi, lors de la visite solennelle des princes tributaires à l’empereur pour la fête du nouvel an, il avait conçu le désir de rester à la capitale. Son but était d’apprendre la littérature chinoise et de se préparer à subir les examens des gradués pour entrer ensuite dans la magistrature. Après plusieurs années d’étude, il avait obtenu le diplôme de bachelier, et, depuis quelques mois seulement, il avait été envoyé comme mandarin surnuméraire dans un petit tribunal de la capitale du Kiang-si.

Nous ne savons si nous étions aveuglés par notre vieille prédilection pour les Mongols ; mais il nous semblait que cet enfant du désert avec quelque chose de supérieur aux Chinois. La civilisation de Péking, entée sur cette nature pleine de sève et de vigueur, nous parut avoir donné naissance, en quelque sorte, à un type nouveau, où l’on trouvait réunies, et avantageusement combinées ensemble, l’intelligence et la sagacité des Chinois avec la rude franchise et l’énergie des Tartares mongols.

Durant les quelques jours que nous passâmes à Nan-tchang-fou, nous revîmes plusieurs fois ce jeune mandarin,