Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/437

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bien imprimées et brochées, déposé avec beaucoup de précaution sur le rivage de la mer, ne saurait opérer la conversion de l’empire chinois. Ils ont donc perdu un peu de la vivacité de leur foi aux miracles opérés par ces simples distributions. Cependant, comme leur vocation est de faire imprimer et distribuer des livres, ils se sont mis à composer, à l’aide des lettrés, des opuscules scientifiques, par lesquels ils s’imaginent captiver l’attention des populations chinoises.

En 1851, peu de jours avant notre départ de la Chine, il nous a été donné de voir une de ces nouvelles productions. C’était tout bonnement un ouvrage technique sur les télégraphes électriques ! Il faut, en vérité, ne pas connaître du tout le peuple chinois, pour aller lui fabriquer des livres de ce genre. Offrir une théorie des télégraphes électriques à des hommes qui n’ont pas même dans leur langue des termes pour exprimer les phénomènes les plus simples de l’électricité, c’est âne pas y croire ! Nous sommes convaincu que, dans tout l’empire, il n’y a pas un seul Chinois capable de comprendre une page de ce livre ; car, pour rendre ces idées nouvelles, on a été obligé de combiner les caractères les plus opposés, et d’inventer un jargon à part, auquel les habitants du Céleste Empire ne se hâteront pas de s’initier. Sans doute, il n’est personne qui n’appelle de ses vœux le moment où les Chinois abandonneront leurs vieux préjugés pour étudier les sciences de l’Europe. Mais tout enseignement doit procéder par degrés et méthodiquement. Des méthodistes devraient au moins comprendre cela. Il n’y aurait pas un seul chrétien en Chine, si les missionnaires catholiques,