Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/46

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l’endroit sur lequel se trouve le cadavre soit responsable. Qu’il se rencontre dans un bois, au milieu d’un champ, sur un terrain inculte, peu importe, le maître du sol est tenu d’avertir l’autorité et de donner des explications qui, pour être valables, doivent être acceptées par les parents du mort. Alors ceux-ci se chargent des funérailles ; une fois qu’ils ont été amenés à présider à l’inhumation, tout est fini. Jusque-là le malheureux propriétaire du terrain demeure responsable de la vie d’un homme dont, peut-être, il n’avait jamais entendu parler. Dans ces circonstances, il se passe des choses affreuses ; il y a des procès incroyables, où les mandarins et les parents du mort font assaut de fourberie et de méchanceté pour assouvir leur cupidité et ruiner leur victime. On garde dans un cachot ce pauvre innocent, et on tient suspendue sur sa tête la menace d’une condamnation à mort, jusqu’à ce qu’il se soit dépouillé de tous ses biens.

Cette terrible loi de responsabilité, quoiqu’elle soit souvent, dans l’application, une source de monstrueuses iniquités, a dû être considérée sans doute, dans la pensée du législateur, comme une sauvegarde de la vie des hommes, comme une barrière salutaire opposée au débordement des passions. On conçoit que, dans un pays comme la Chine, où il n’existe pas de principe religieux dont l’influence soit capable de refouler les mauvais instincts, les assassinats se multiplieraient de toutes parts, et le sang de l’homme serait bientôt compté pour rien ; il a donc fallu des lois draconiennes pour tenir dans le devoir ces populations matérialistes, vivant sans Dieu, sans religion, et, par conséquent, sans conscience. Afin