Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/468

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Les Chinois sont très habiles danseurs de corde ; on conçoit que des hommes dont les membres sont doués de tant d’élasticité et de souplesse doivent nécessairement réussir dans ce genre d’exercices. On distinguait dans cette troupe d’acrobates deux femmes qui, malgré leurs incroyables petits pieds de chèvre, voltigeaient sur la corde avec une agilité qui tenait du prodige.

Quoiqu’il soit interdit aux femmes de monter sur le théâtre pour y jouer des rôles, les usages chinois leur permettent de danser sur la corde et de figurer dans les exercices d’équitation. Elles se montrent, en général, beaucoup plus aptes et plus habiles que les hommes pour ces sortes de représentations. Il y a, dans le nord de la Chine, des hippodromes ambulants, et ce sont toujours les femmes qui excellent dans l’art de conduire les chevaux, et qui montrent le plus d’adresse pour exécuter les tours les plus difficiles. On ne comprend pas comment elles peuvent se tenir debout sur un pied, pirouetter, passer en des cerceaux et cabrioler, pendant que le cheval galope et bondit dans la lice.

La mode des petits pieds est générale en Chine, et remonte, dit-on, à la plus haute antiquité. Les Européens aiment assez à se persuader que les Chinois, cédant à l’exagération d’un sentiment très-avouable, ont inventé cet usage, afin de tenir les femmes recluses dans l’intérieur de leur maison, et de les empêcher de se répandre au dehors. Quoique la jalousie puisse trouver son compte dans cette étrange et barbare mutilation, nous ne croyons pas cependant qu’on doive lui en attribuer l’invention. Elle s’est introduite insensiblement et sans propos délibéré, comme cela se pratique, du reste, pour