Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/51

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c’était de la courtoisie la plus exquise, et nous ne manquâmes pas de le remercier avec effusion de cette attention si tendre et si délicate.

On conviendra qu’il faut nécessairement être en Chine pour entendre des hommes se faire de semblables gracieusetés au sujet d’un cercueil. Dans tous les pays du monde on s’abstient de parler de cet objet lugubre, destiné à renfermer les restes d’un parent ou d’un ami ; on le prépare en secret, loin de la vue des hommes, et, quand la mort est entrée dans une maison, le cercueil doit y pénétrer furtivement et en cachette, afin d’épargner un surcroît de douleurs et de déchirements à une famille éplorée. Quant aux Chinois, ils voient la chose tout différemment ; à leurs yeux un cercueil est tout bonnement une chose de première nécessité quand on est mort, et, pendant la vie, un article de luxe et de fantaisie. Il faut voir comme, dans les grandes villes, on les étale avec élégance et coquetterie dans de magnifiques magasins, avec quel soin on les peint, on les vernisse, on les frotte, on les fait reluire, pour agacer les passants et leur donner la fantaisie d’en acheter un. Les gens aisés, et qui ont du superflu pour leurs menus plaisirs, ne manquent pas, en effet, de se pourvoir à l’avance d’une bière selon leur goût, et qui leur aille bien. En attendant que vienne l’heure de se coucher dedans, on la garde dans la maison comme un meuble de luxe, dont l’utilité n’est pas, il est vrai, prochaine et immédiate, mais qui ne peut manquer de présenter un consolant et agréable coup d’œil dans des appartements convenablement ornés.

Le cercueil est surtout, pour des enfants bien nés,