Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/60

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leur appétit. Leurs ongles longs et pointus sont, dans ces circonstances, d’une précieuse utilité. Il faut voir avec quelle adresse et quelle célérité ils font éclater la dure et coriace enveloppe de la graine, pour en extraire un atome d’amande et quelquefois rien du tout ; une troupe d’écureuils et de singes ne fonctionnerait pas avec plus d’habileté.

Nous avons toujours pensé que la propension naturelle des Chinois pour tout ce qui est factice et trompeur leur avait inspiré ce goût effréné pour les graines de pastèques ; car, s’il existe dans l’univers un mets décevant, une nourriture fantastique, c’est incontestablement la graine de citrouille. Aussi les Chinois vous en servent-ils partout et toujours. Si des amis se réunissent pour boire ensemble du thé ou du vin de riz, il y a toujours l’accompagnement obligé d’une assiettée de graines de citrouilles. On en croque pendant les voyages, comme en parcourant les rues pour vaquer à ses affaires ; si les enfants et les ouvriers ont quelques sapèques à leur disposition, c’est à ce genre de gourmandise qu’ils les dépensent. On trouve à en acheter de toutes parts, dans les villes, dans les villages et sur toutes les routes grandes et petites. Qu’on arrive dans la contrée la plus déserte et la plus dépourvue d’approvisionnements de tout genre, on est toujours assuré qu’on ne sera pas réduit à être privé de graines de pastèques. Il s’en fait, dans tout l’empire, une consommation inimaginable et capable de confondre les écarts de l’imagination la plus folle ; on rencontre quelquefois sur les fleuves des jonques de haut bord uniquement chargées de cette denrée précieuse ; on croirait être, en vérité, au milieu d’une nation appartenant à