Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/79

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avons connus. Si nous pouvions penser que, dans notre pays, on étudie un peu leurs annales, nous inclinerions volontiers à croire que c’est parmi nous un parti pris de calquer les Chinois ; déjà nous avons réussi à leur ressembler assez bien sur plusieurs points. Ce goût fiévreux des changements politiques et cette indifférence profonde en matière de religion sont deux traits bien caractéristiques de la physionomie chinoise ; mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est que la plupart de ces théories sociales, qui naguère ont mis en fermentation tous les esprits et qu’on nous donne comme de sublimes résultats des progrès de la raison humaine, ne sont, à tout prendre, que des utopies chinoises, qui ont violemment agité le Céleste Empire il y a déjà plusieurs siècles. Qu’on en juge d’après les faits que nous allons extraire des Annales de la Chine, et que nous serons forcé de résumer à cause de la longueur des détails.

Dans le onzième siècle de notre ère, sous la dynastie des Song, le peuple chinois présentait un spectacle à peu, près analogue à celui qu’on a vu se produire en Europe, et surtout en France, dans ces dernières années. Les grandes et difficiles questions d’économie politique et sociale préoccupaient les esprits et divisaient toutes les classes de la société. Ces populations, qu’on voit, à certaines époques, si indifférentes sur la marche de leur gouvernement, s’étaient alors lancées avec passion dans la politique et dans la discussion de systèmes qui ne tendaient à rien moins qu’à opérer dans l’empire une immense révolution sociale. Les choses en étaient venues à un tel point, qu’on ne s’occupait presque plus des affaires ordinaires de la vie ; les soins du commerce,