Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/93

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tous ces retours brusques et subits de l’opinion publique, on croirait parcourir l’histoire de quelque peuple de l’Europe.

Trois ans s’étaient à peine écoulés que la mémoire de Sse-ma-kouang fut rétablie dans tous ses titres et prérogatives, et celle de Wang-ngan-ché vouée de nouveau à l’exécration.

Les socialistes chinois ne tardèrent pas à être poursuivis de toute part, et on les chassa enfin de l’empire ; c’était en 1129.

Pendant que la Chine repoussait de son sein ces audacieux novateurs, Tchinggis-khan, ce terrible conquérant mongol, grandissait en silence dans les steppes de la Tartarie, qui allaient bientôt vomir sur la terre des hordes innombrables de barbares. Cette coïncidence mérite d’être remarquée, et il nous semble qu’elle pourrait justifier une observation profonde d’un homme d’Etat qui est à la fois un grand esprit et un noble cœur. Peu de temps avant de commencer ce travail sur l’empire chinois, nous avions l’honneur de nous entretenir avec un de ces personnages, si rares aujourd’hui, qui, au milieu de nos discordes civiles, ont toujours su conserver l’estime et l’admiration de tous les partis. Nous parlions de ces vieilles civilisations de l’Asie, dont l’histoire est si peu connue en Europe, et qui, sans doute, avaient dû être, elles aussi, agitées par des révolutions profondes, bouleversées par de grandes crises sociales. Il m’est souvent venu en pensée, dit notre illustre interlocuteur, que les invasions des barbares qui, à plusieurs reprises, ont inondé l’Europe, ont dû être le résultat de quelque bouleversement social survenu dans le gouvernement