Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/17

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cieux, et quand l’alouette annonça l’aurore, je me levai plus fraîche et plus belle que la déesse dont les doigts roses ouvrent les portes de l’orient. Les souvenirs des joies de la nuit répandaient une douce langueur sur toute ma personne.

Je songeais avec délices aux embrassements de mon bien-aimé, et j’aurais volé avec joie dans ses bras pour recevoir sa rosée divine si j’avais pu le faire sans obstacle.

Ciel ! qu’est-ce que ceci ? du sang sur ma chemise ?

C’est donc vrai qu’une femme saigne quand elle voit un homme pour la première fois ; comment vais-je cacher cela à ma femme de chambre ? Bah ! je vais simplement la mettre en pièces.

Aussitôt dit, aussitôt fait, et la chemise déchirée en mille morceaux s’envola, sur les ailes du vent.

— Là ! partez, comme cela vous ne direz rien.”

En entrant dans le salon, mon cher père me prit dans ses bras, déclarant que j’étais la plus jolie fille qu’il eût jamais vue. Je rougis avec modestie. Qu’est-ce qui rend une femme plus belle, le matin de ses premières voluptés ? Est-ce le souvenir de ses plaisirs ou est-ce le jus rafraîchissant de l’homme ? Dites-moi cela vous, savants et philosophes ?”

Pendant le déjeuner je rencontrai plusieurs fois les yeux de William attachés sur moi, ils étaient pleins d’amour, les miens lui disaient mille choses

Mon père était sorti immédiatement après déjeuner pour donner quelques ordres, et ma mère