Page:Evelyne, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde, T1, 1892.djvu/57

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— Comte, j’en suis excessivement fier.

Le duc de M*** resté seul vainqueur des précédentes luttes, se trouvait maintenant en présence de Frédéric, c’était le vainqueur de l’autre qui remporterait le prix.

Les deux combattants semblaient deux ennemis, à voir le mutuel regard chargé de haine avec lequel ils se toisaient de la tête aux pieds.

— Duc, point de masque.

— D’accord, Chevalier.

— Pas de bouton.

— Comme vous voudrez.

Mais les assistants s’interposèrent, et on obtint que les épées resteraient mouchetées. À la première passe Frédéric d’un vigoureux coup envoya l’épée du duc rouler à plus de vingt pas. La salle entière applaudit, et mon cher frère fut proclamé le vainqueur de l’assaut.

En rentrant à l’hôtel, mon père nous appela au salon, et s’adressant à Frédéric, il lui annonça que ses vacances ayant assez duré, il devait se préparer à retourner le lendemain en Angleterre. Le cher garçon eut beau prier, demander en grâce une prolongation d’une semaine, invoquer ma santé, mon père fut inexorable sentant que les études de mon frère souffraient de ce séjour prolongé à Paris.

Frédéric voulut aussi essayer vers moi d’obtenir un délai, mais je lui fis comprendre que le souci de ses études passait avant nos plaisirs ; quant à nos séances amoureuses, elles furent si fréquentes, et le