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Page:Ewan - Les hommes du jour Edward Blake, 1891.djvu/19

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« Cette nuit, ou la prochaine, dit-il, verra l’horizon d’un jour meilleur et plus pur dans l’administration des affaires publiques de ce pays. Je n’ai jamais prétendu que moi et mes amis étions la personnification de l’honnêteté, pas plus que je ne pense que tous les députés de l’autre côté de la chambre soient corrompus. Loin de moi cette idée et ce manque de générosité. Mais je veux que nous, qui soutenons ces principes ce soir, soyons jugés d’après eux dans les temps à venir ; je veux que, dans quelque situation que les amis qui m’entourent soient placés, la position que nous avons assumée, le terrain sur lequel nous nous sommes mis soient regardés comme les seuls solides, les seuls vrais. Nous sommes ici pour déployer le drapeau de l’honnêteté publique. Nous sommes ici pour faire briller encore une fois la bonne réputation du pays que l’on a ternie ; nous sommes ici pour lui rendre son éclat ; ici nous sommes pour purger le pays du grand scandale et de la calamité que lui ont infligés ceux-là qui avaient la conduite des affaires. Nous ne pouvons pas, au moyen de l’acte de justice que nous allons effectuer, nous ne pouvons pas, par le jugement solennel que nous allons rendre, nous ne pouvons pas, même par le lavage que nous allons pratiquer, balayer et rejeter entièrement dans d’autres yeux et sur d’autres individus la tache et la honte tombées sur le pays. Je n’ai garde de me réjouir de ce résultat. Je déplore profondément la vérité des faits découverts ; mais je suis de ceux qui pensent que ce qu’il faut regretter, c’est plutôt l’existence de ces faits que leur mise au grand jour. Je ne comprends pas cette vertu spartiate qui voulait qu’un vol ne fût pas crime tant qu’il n’était pas découvert. Je ne saurais admettre cette moralité qui permet à un crime de rester ignoré, mais qui se montre choquée et tout alarmée pour la bonne réputation du pays, si le crime devient connu. Messieurs, vous ne sauriez guérir une plaie vive en ramenant par dessus un lambeau de peau. Il faut la lancer, la laver, pour laisser une chair fraîche et saine repousser tout autour. Quelque pénible et ardue que soit la tâche, il faut qu’elle s’accomplisse. La nuit s’écoule et le jour vient. J’espère et souhaite que chacun de vous va voter dans l’instant, d’après ces principes d’honnêteté publique qu’il apporterait lui-même dans une transaction avec son voisin. Ne nous laissons pas gagner par cette absurde idée qu’il faut distinguer entre l’honnêteté publique et