rieux d’apprendre à lire à un enfant par les méthodes usuelles,
autant c’est facile de lui apprendre à lire les textes phonétiques;
et quand une fois il lit ceux-ci couramment, il apprend en un rien
de temps à lire l’orthographe courante. Il y a là un procédé pédagogique
dont on n’a pas encore fait usage suffisamment; on pourrait
en tirer un grand parti, notamment pour l’enseignement des illettrés,
et aussi des personnes affligées d’une infirmité qui rend leur instruction
plus difficile, comme les aveugles et les sourdmuets.
Tous ceux qui s’occupent d’enseignement doivent donc posséder
au moins les premiers principes d’écriture phonétique. Du reste,
malgré l’aspect rébarbatif de cette écriture, on apprend à la lire
en quelques minutes.
3. On peut écrire phonétiquement de diverses manières; ainsi pour représenter le premier son des mots car, quand, képi, ou peut choisir le c, le q ou le k: pourvu qu’on prenne toujours la même lettre pour le même son. On peut écrire phonétiquement avec des caractères latins ou grecs, gothiques ou russes, arméniens ou arabes. En sténographie, on prend des lettres qui ne ressemblent pas du tout aux nôtres.
4. Le système que nous présentons ici est maintenant adopté
par environ 2000 linguistes, professeurs et étudiants de tous les
pays. Il est basé sur l’alphabet latin et l’usage international:
c’est-à-dire qu’on a choisi, pour représenter chaque son, la lettre
qui représente ce son dans le plus grand nombre de langues employant
l’alphabet latin. Ainsi on prend z pour le premier son
de notre mot zèle, contrairement à l’usage Allemand, Italien,
Espagnol; et v pour le premier son de notre mot vin, malgré
l’usage Allemand et Espagnol; mais on prend j pour le premier
son de notre mot yole, malgré l’usage Français, mais conformément
à l’usage Allemand, Hollandais, Italien, Scandinave.
C’est même la seule difficulté de notre alphabet: on est dérouté
tout d’abord en voyant écrire jø pour yeux et ʃjɛ̃ pour chien.
Mais cette difficulté est vite surmontée; alors c’est un grand
avantage d’avoir un système applicable à toutes les langues.
Nous allons maintenant donner le tableau des lettres de
l’alphabet phonétique. Nous les classons méthodiquement, dans
un tableau qui réunit sur une même ligne horizontale les sons
formés par la même sorte d’articulation, et sur une même ligne
verticale les sons formés par les mêmes organes de la parole.
Bien entendu, ce tableau serait beaucoup plus simple et moins
chargé, si au lieu d’y faire figurer les sons distinctifs de toutes les
langues étudiées jusqu’ici, on n’y mettait que ceux d’une seule langue.