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ainsi que dans beaucoup de villes on vit des sculpteurs s’unir aux maçons et aux charpentiers, tandis que les peintres s’alliaient aux verriers et aux selliers.

Ces associations, formées d’abord pour protéger les intérêts temporels de leurs membres, avaient en même temps un côté religieux, les membres s’étant obligés de contribuer aux fonds d’une gilde en l’honneur d’un saint choisi comme patron de la corporation.

Pendant le treizième siècle, quelques monastères peu nombreux, tels que l’abbaye de Notre Dame des Dunes, près de Furnes, appartenant à l’ordre de Cîteaux, et l’abbaye Bénédictine de Saint Hubert, dans les Ardennes, conservèrent un corps d’ouvriers artistes : mais le nombre de ceux-ci diminua graduellement et depuis le quatorzième siècle les industries artistiques ne fleurirent plus que dans les villes où ceux qui les pratiquaient faisaient partie d’une corporation à charte.

Nul homme exerçant un métier déjà monopolisé par une corporation, ne pouvait travailler dans une ville moyennant salaire, à moins d’être bourgeois par droit de naissance ou d’avoir acheté le droit de bourgeoisie, et sous condition d’être membre de la dite corporation. Comme tel, il obtenait une position reconnue, mais il était soumis à des règles étroites et strictes.

Un peintre ne se considérait jamais et n’était jamais considéré par le public comme étant supérieur à un homme d’un autre métier. Ce ne fut que lorsque l’art commença à dégénérer que les peintres se donnèrent un de supériorité. Pendant la glorieuse époque du moyen âge, ils étaient payés pour leur ouvrage comme tous les autres ouvriers. Leur travail devait être consciencieux et honnête, exécuté en bons matériaux, — les maîtres de la corporation y tenaient la main, — et chacun s’efforçait de rendre son œuvre aussi belle que possible.

L’ancien avertissement : Caveat emptor, devint inutile, en tant qu’appliqué aux membres des corporations d’art ; il ne redevint nécessaire que lorsque les peintres et les sculpteurs s’émancipèrent de tout contrôle, sauf de celui des cours de justice celles-ci étaient d’ailleurs et sont encore bien incompétentes pour juger semblables matières. Les corporations prirent des mesures pour assurer l’instruction de leurs membres. Un compagnon devait être, pendant un certain nombre d’années, l’apprenti d’un maître qui était responsable de son instruction technique ainsi que de sa fidélité aux devoirs civils et religieux. L’apprenti vivait avec son maître, devait le servir et lui obéir. Celui-ci, en échange, devait lui donner