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LES BORGIAS NOIRS




I


Le poison est entre les mains du nègre une arme qui lui sert à toutes sortes d’usages, ou plutôt il l’emploie sous l’empire de mobiles et de sentiments bien opposés.

Tantôt c’est la vengeance, contre le maître qui le guide, tantôt la haine contre tel individu dont l’autorité ou la simple présence dans la maison lui est importune, ou bien encore la jalousie contre tel autre, espérant qu’on soupçonnera celui-ci du crime, tout au moins qu’on l’attribuera à son influence. Une fois, il s’agira de faire mourir un maître détesté ; une autre fois, le nègre n’aura d’autre dessein que de le ruiner. Enfin on a vu, et c’est là une chose étrange et incroyable, des esclaves faire usage du poison sur la personne de leur maître, par affection et par tendresse pour ce maître !

Je citerai à l’appui, le trait suivant :

Un propriétaire de la Guadeloupe avait fait part aux nègres de son habitation de la nécessité où il se trouvait