Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/14

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mises par le fort sur le faible, par le maître sur l’esclave ? Vingt procès sont là qui l’attestent, au contraire. Mais il suffit, ce me semble, de constater l’intervention de la loi en de si graves et si déplorables occurrences, pour établir que la personne de l’esclave a toujours été protégée, comme les droits de la morale ont toujours été sauvegardés. J’ajoute que l’indignation publique n’a jamais manqué de sanctionner les sévérités des tribunaux, en flétrissant les auteurs de ces crimes, qui ont toujours été obligés de prendre la fuite.

Ces odieux abus de pouvoir remontent d’ailleurs à des temps éloignés, et je ne vois pas la nécessité de les rajeunir, sous forme de mensonge, pour combattre les derniers vestiges de l’esclavage.


II


J’ai dit que les mœurs résultant de l’esclavage ont un côté curieux et intéressant à étudier et à raconter, en les ramenant aux proportions du drame et du roman. Par leur originalité, par la nature des rapports étranges existant entre les maîtres et les esclaves, ces mœurs, ces habitudes sont incontestablement une source féconde d’émotions, de péripéties, de combinaisons dramatiques, neuves à coup sûr.

Le malheur des pays à esclaves est de n’avoir pas eu de romancier à proprement dire. Ceux qui ont tenté de décrire cette société ont eu, jusqu’à présent, ce désavantage sur moi, de s’être crus obligés à faire cause commune, soit avec les défenseurs, soit avec les détracteurs de l’escla-