Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/230

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essaya de ce moyen ; il fut plus ou moins bien accueilli, mais il ne put surprendre aucun indice du mystère qu’il cherchait.

Un matin, André rentra fort triste et fort découragé du cercle de la Filarmonica, où toute la noblesse havanaise s’était réunie en un bal par souscriptions, les seuls qui se donnent à la Havane, afin qu’ils soient plus splendides. Il se jeta tout habillé sur son hamac, en disant à José :

— Ma patience est à bout. Je suis un sot, ou bien toutes ces femmes ont un masque impénétrable sur le visage. J’y renonce. Après-demain nous partirons pour le Fitges.

— Que votre volonté soit faite, Excellence, murmura José ; mais êtes-vous certain d’avoir bien cherché ?

— Tiens ! fit André en se soulevant sur son coude, sais-tu donc quelque chose ?

— Non, Excellence.

— Regretterais-tu donc à présent de quitter la Havane ?

— Moi ! s’écria le mayoral, à Dieu ne plaise ! Mais il me semble…

— Quoi donc ?…

— Oh ! je ne parle ainsi que parce que je ne voudrais pas que vous prissiez une détermination irréfléchie ; à peine à Santiago, vous regretterez d’être parti…

— Ah !

André se contenta de cette exclamation, sourit en voyant José sortir, et, posant la tête sur l’oreiller, il s’endormit pendant quelques heures.

Le soir de ce même jour, il était resté assez tard sur la promenade du lameda, respirant l’air de la hier, dont les âcres parfums arrivaient jusqu’à lui mêlés aux fines senteurs des arbres qui ombragent cette belle promenade. Tous les promeneurs étaient rentrés en ville ou avaient