Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/273

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— Il est en train de rendre l’âme, vraisemblablement.

— C’est bien !

Le bandit s’éloigna en courant vers la maison ; et le postillon, contemplant un instant la jeune femme évanouie :

— Misérable ! murmura-t-il avec rage.

Puis abaissant le rideau de soie qui ferme toujours le devant de la volante, il se mit en selle, et prit au galop la route de la Havane.

Rentré dans le pavillon de la Magnificencia, le bandit qui avait emporté Antonia, et qui n’était autre qu’Isturitz, dit à son camarade :

— En route, Algedro, et vivement.

— Attends un peu, répondit le camarade, qui en ce moment vidait les poches d’André. Je suis à toi maintenant, ajouta-t-il en se relevant.

— Et la vieille ? murmura Isturitz en montrant Joséfa qui s’était cachée dans un coin de l’appartement, plus morte que vive.

— Pitié ! cria la nourrice. Pitié ! je ne dirai rien !… je vous le jure par le corps du Christ !

— Tiens ! dit Algedro, depuis la mort de Christine nous n’avons plus de camarera. Joséfa fera notre affaire.

— C’est une idée ! exclama Isturitz.

Les deux bandits garrottèrent la nourrice, lui mirent un bâillon, et Algedro la prit à côté de lui, à cheval.

— Et moi, dit Isturitz, je me chargerai de la Tobine, que nous ramasserons en passant. Allons, la campagne a été bonne. Deux mille piastres reçues de la main du marquis…

— Plus une vieille pour garder la maison, ajouta Algedro.

— Plus une jeune pour l’égayer, reprit Isturitz.

— Sans compter les petits profits intermédiaires.